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Les 8 règles à connaître pour régater avec son voilier course / croisière

David Flynn de Quantum a aidé beaucoup de propriétaires pour faire régater leurs voiliers. Dans un monde parfait, un propriétaire pourrait avoir un bateau pour chaque programme, mais la réalité du budget ne permet souvent qu'un seul bateau. David nous livre ici ces 8 règles pour être compétitif.

A pleine vitesse - Le Xp 44 Sitella au portant lors de la Semaine de Key West Quantum. Photo de Photoboat.com/Quantum Key West Race Week.

N'importe quel régatier hardcore considère le concept de course / croisière comme un oxymore, et il a raison. Un bateau complètement dédié à la régate finira toujours par battre le bateau de croisière le mieux préparé. L'idéal serait donc un bateau pour régater et un bateau pour partir en croisière. En plus, certains ne veulent que régater en monotype. Si seulement le budget et les choix de vie pouvaient rendre de tels choix plus faciles!

La réalité est tout autre, vous ne pouvez avoir qu'un bateau. Vous aimez sans doute régater et partir en croisière. Il n'y a peut-être pas de bonne flotte monotype dans votre voisinage. Ou vous êtes attirés par le fait de régater mais avec du confort, ou encore vous aimez le look du bateau. Quelque soit le bateau que vous choisissez pour régater, il y a quelques règles efficaces et qui ont été testées par toutes les bonnes équipes, qu'importe le niveau de compétition. Il faut suivre ces règles à la lettre si vous voulez profiter un maximum de votre voilier course / croisière:

Règle numéro 1 : N'essayez pas de régater avec plus gros que ce que votre budget peut supporter

L'achat du bateau est l'étape la moins chère. Tout le reste coûte cher. Un A 35 d'occasion semble sans doute une bonne affaire jusqu'au moment où vous devez acheter 2 focs de 5000 € l'un par exemple. Il convient de définir vos objectifs. Ça peut aller de gagner les régates de club, jusqu'à viser la victoire sur un grand événement tel que Key West, le Spi Ouest France ou le championnat d'Europe IRC. La logistique de chaque événement, plus le coût de l'entretien et ainsi de suite doivent être calculés en amont.

Règle numéro 2 : Choisissez vos régates

Les règles à handicap (Osiris, ORC ou IRC) ne sont pas parfaites et peuvent être frustrantes parfois. Il est toujours compliqué de comparer des pommes et des oranges. Ces règles fonctionnent bien entre bateaux de même profils et de tailles assez proches. Ça ne sera jamais facile de comparer une bête de planning avec un course/croisière. Il est vraisemblablement difficile de se lancer sur des parcours banane avec les sièges de cockpit et le bimini, mais votre course/croisière peut se révéler compétitif sur des régates plus longues, où l’enchaînement des manœuvres et les accélérations sont moins importants. Sur chaque événement, il faut regarder la liste des inscrits. Quelle est la différence entre les ratings dans votre classe ? Allez vous être le bateau le plus petit et le plus lent des bateau par rapport au rating ? Est-ce une régate de petit temps ? Si la réponse est oui à chaque question, alors il vaudrait mieux considérer d'autres régates. Cherchez les événements qui ont des classes avec plus de voiliers course/croisière de tailles proches de votre bateau. Favorisez les lieux avec plus de vent.

Règle numéro 3 : l'équipage

Montez un équipage le plus stable possible. Pas forcément besoin de rockstar, mais d'équipiers qui restent sur le bateau sur plusieurs saisons. Il n'y a rien de mieux que tu temps à bord, et ensemble. J'ai pu noté au fil des années que les propriétaires qui s'occupent le mieux de leurs équipages finissent par avoir les meilleurs équipiers. Une bonne bière et un dîner après une journée sur l'eau, ou une super maison avec cuistot lors des grands événements.  Il n'est pas obligatoire de payer vos équipiers, par contre il faut en prendre soin. Tout le monde veut naviguer sur un bateau bien préparé avec une bonne ambiance à terre comme sur l'eau. C'est un coût qu'il faut considérer.

Règle numéro 4 : Régime sec pour le bateau

Les bateaux de régates sont comme n'importe quel véhicule, c'est toujours le rapport poids / puissance qui l'emporte. Il est toujours possible de rajouter de la puissance (jusqu'à un certain point), de plus grands spinnakers, une GV avec un plus grand rond de chute (voire une corne), un bout dehors plus long, etc. Le moyen le moins cher d'améliorer le rapport poids / puissance reste d'enlever tout poids superflus, c'est même gratuit ! Les voiliers course / croisière sont bien connus pour être plus lourd que le poids annoncé par le constructeur, et on y rajoute souvent des options. Videz tout ! Ne vous demandez pas si ça peut servir, laissez le sur le quai. Si vous mesurez le bateau pour être encore plus sérieux, alors il faut envisager d'enlever des portes, les coussins, le propulseur d'étrave, le guindeau, l'enrouleur, le gros four, tout en restant bien sûr dans les règles. Prenez tout votre matériel de croisière et rangez le à terre. Quand vous voulez partir en croisière, alors il sera temps de remettre les livres, les ustensiles de cuisines et tous les objets de confort à bord.

Règle numéro 5 : une carène propre vaut tout l'argent que vous y investissez

Une carène lisse, régulière, et polishée est obligatoire pour gagner. Chaque heure passée à enduire et poncer votre carène et vos appendices se verra sur la feuille de résultats. Il ne faut pas hésiter à utiliser des gabarits pour obtenir une quille et un safran les plus symétriques possible. La plupart des course / croisière sortent du chantier avec un état de carène qui peut et doit être grandement amélioré. Il y a aussi des antifoulings qui permettent une bonne glisse tout en restant un bon barrage aux algues et autres formes de vie maritime qui veulent vous ralentir.

Règle numéro 6 : avoir de bonnes voiles

En tant que voilier, c'est très facile de dire ça, mais vous pouvez demander à n'importe quel régatier de haut niveau et ils vous diront la même chose. Des voiles en bon état sont le moteur du bateau. Vous ne pouvez pas ignorer le moteur ! Des voiles neuves sont toujours mieux, quelque soit le matériau ou ce que peut vous en dire les commerciaux en voilerie. C'est pour cela que les heures d'utilisation sont soigneusement notées dans les grandes équipes. Si vous régatez dans des régates de club, commencez avec un jeu neuf puis prévoyez une ou deux voiles par an pour garder un inventaire efficace. En cas de programme plus étoffé avec 4 ou 5 événements majeurs, il faudra plusieurs voiles neuves par an. Les voiles les plus vieilles servent alors pour les entraînements et les régates moins importantes, et vous gardez les voiles neuves pour le meilleur. N'attendez pas d'exploser votre foc médium par exemple pour le changer, passez le en voile d’entraînement avant.

Règle numéro 7 : Améliorez votre gréement courant

Les voiliers de course / croisière souffrent souvent de systèmes "améliorables", pour rester poli. Le chariot de GV doit fonctionner à la perfection. Il faut assez de démultiplication pour remonter le chariot. Le réglage du pataras doit être facile et accessible, pareil pour les réglages des voiles d'avant. Pour pouvoir s'adapter aux changements de vent, les régleurs ont besoin de systèmes utilisables rapidement. C'est plus difficile à faire quand le bateau est prévu pour autre chose, et ça demande souvent d'être créatif. Le kit de gréement courant est en général très mauvais pour régater.  Toute élongation est à proscrire, ça enlève de la puissance aux voiles. De bons bouts réduisent la friction et sont plus légers aussi.

Règle numéro 8 : Entraînez vous

Régater est un sport. Vous ne pouvez pas espérer arriver sur une régate et gagner sans avoir passer du temps avec l'équipage pour trouver les bons réglages, fluidifier les manœuvres et avoir une communication efficace à bord. Prenez un jour ou deux avant chaque régate pour s’entraîner, et/ou le week-end d'avant, ce sera du temps bien récompensé dès le premier départ.

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Publication originale dans Spinnsheet Magazine.

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